Portrait : Nour, en direct du Liban

On continue cette semaine notre série mi-portrait, mi-interview avec une escale au Liban. Allons donc voir comment on consomme hors de notre hexagone.

Pour ce portrait, j’ai le plaisir d’accueillir Nour que j’ai rencontré sur un Discord dédié aux blogueurs. On a plusieurs fois échangé sur les sujets de consommation et d’écologie et je trouvais que son regard était hyper intéressant.

Découvrons ensemble son portrait.

Carte d’identité

  • Prénom : Nour.
  • Âge : 22 ans.
  • Métier : étudiante et autoentrepreneuse.
  • Salaire mensuel : +/- 1 000 € selon les mois.
  • Lieu de vie : une maison familiale dans un petit coin d’Orient.

À quand remonte ta sensibilisation à l’environnement et à une consommation plus responsable ?

Étant née au Liban et ayant toujours grandi ici, je n’ai pas reçu une grande sensibilisation à la cause environnementale. J’ai toujours connu la couche de pollution au- dessus des villes, la côte polluée par du plastique et les zones de verdure ensevelies sous les déchets.

Les autorités successives ont accordé très peu d’importance à la préservation de l’environnement. Le peuple libanais y est donc, pour la majorité, insensible. La plus grande victime de ce triste constat est notre cher pays : considéré comme une pépite environnementale, sa position géographique en fait un véritable paradis dans la région. Les chaînes montagneuses, l’ensoleillement, les nombreux fleuves, son ouverture totale sur la mer méditerranée fait en sorte que son écosystème est très riche.  

Mais malheureusement, alors qu’il y a des décennies, nous voyions une faune et une flore impressionnante, les choses sont bien différentes aujourd’hui. Plusieurs écosystèmes sont détruits, la pollution impacte nos rives, notre air, notre environnement et surtout notre santé. C’est en ayant vu deux de mes proches emportés par un cancer aggravé par la pollution que j’ai réalisé que notre environnement est si pollué que nous mettons nos vies en jeu.

C’est réellement à ce moment-là que je me suis rendu compte qu’il n’était plus possible de gâcher notre habitat de la sorte. Et en voyant les autorités ne pas agir, je me suis rendu compte qu’il était inutile d’attendre qu’ils agissent et que je pouvais le faire à mon échelle. En plus, avec la multiplication des réseaux sociaux et des contenus écologiques, de plus en plus de personnes sont sensibilisées à cette cause, ce qui fait que petit à petit les consciences s’éveillent.

Ton top 3 des actions les plus importantes que tu as mises en place

Les trois actions que j’ai mises en place ne sont pas forcément des actions à grande échelle, mais elles m’ont permis de commencer une vie plus responsable et engagée, sans pour autant que ce soit très lourd à mettre en place, ou que ça ne me demande trop de temps ou trop d’énergie. Bien au contraire même !

Voici mon top 3 :

  • Consommer local, acheter des producteurs à proximité et cuisiner par moi-même
  • Trier les déchets et faire du compostage
  • Recycler tous les déchets en plastique

Et ce que je peux certifier c’est que chacune de ces trois actions a aussi des bienfaits qui ne se limitent pas à une consommation responsable.

Concernant la première action, c’est réellement une bénédiction en plus d’être plus éco-responsable. En effet, consommer en grande partie des produits locaux et des produits venant de producteurs de la région m’a permet non seulement d’éviter de contribuer à la pollution, mais ça permet aussi de faire des économies et d’aider les productions locales ! Que demander de plus ? J’ai aussi expérimenté le fait de cuisiner intégralement maison 99% du temps. Ma consommation de plastiques et autres déchets a baissé en flèche, en plus d’avoir une alimentation saine et équilibrée. (À part quand j’abuse des gâteaux maison.)  

Au sujet de la deuxième action, âme sensible s’abstenir : au Liban, le tri des déchets n’existe pas. Tous les déchets sont jetés ensemble et finissent ensemble. Autant dire que c’est la bérézina. Ainsi, malgré le manque de moyen, nous avons mis un système de tri à la maison et tout le monde y participe. Ce qui a mené à la troisième action.

J’ai appris un peu par hasard qu’une poignée de gens de mon village ont commencé l’initiative de récolter les déchets en plastique pour les recycler. Ce n’est pas réellement une action que j’ai moi-même mise en place, mais j’ai tenté d’y contribuer et de l’aider a évolué autant que possible. Tandis que les déchets organiques sont envoyés au compost, le fait de trier le plastique à la maison a permis de faire partie des plus grands contributeurs de l’initiative.

Qu’aimerais-tu développer davantage ?

D’un point de vue personnel, j’aimerais continuer d’avancer sur le chemin de la consommation responsable. Baisser ma consommation d’eau et construire les fondations d’une consommation zéro déchet par exemple.

D’un point de vue plus global, faisant des études d’architecture et étant amatrice de technologies, j’aimerais améliorer l’air urbain des agglomérations libanaises et permettre aux régions plus rurales de se développer de manière responsable et écologique. Il y a une grande carte à jouer en termes d’aménagement et d’ingéniosité du bâtiment qui ferait en sorte de réduire grandement la pollution. Plus de zone urbaine piétonne, des bâtiments plus écolos et à la fois plus intelligents scientifiquement parlant. Une manière de mettre la technologie au service de notre planète !

C’est ambitieux, mais ce sont des projets qui me tiennent à cœur.

Comment est perçue ta façon de consommer dans ton entourage ?

Dans mon entourage proche, ma consommation est très bien vue, car tout le monde est sur la même longueur d’onde ! Concernant mes connaissances, même s’ils n’ont pas forcément la même vision que moi, cette manière de consommer est là aussi bien vue. Elle titille même les plus curieux, ce qui ne fait qu’attester de l’attrait écologique qui est en train de naître !

Aussi, je n’ai pas fait de grandes actions-chocs qui peuvent paraître trop difficiles, ce qui fait peut-être que tout le monde le perçoit relativement bien. C’est d’ailleurs sur cette note que j’aimerais clôturer ce portrait.

En général, on pense souvent que l’écologie passe par la mise en place de choses assez radicales qui sont difficiles à tenir. Alors qu’au contraire, selon moi, l’écologie doit se mettre en place petit à petit et ça doit être un chemin qu’on emprunte sur le long terme pour qu’il soit efficace. Comme tu le partages si bien dans tes articles Émilie, la théorie des petits pas, c’est vraiment efficace ! Soyons honnête, nous n’avons pas forcément le temps dans notre journée d’accorder trop d’importance à notre consommation. C’est pourquoi instaurer des « trucs et astuces » au fil du temps est une méthode à ne pas négliger. Sur ce, à vous les studios et merci !

Merci à toi Nour de t’être prêté à mon petit exercice. N’hésitez pas à me faire signe si vous voulez également réfléchir à votre consommation.

N’hésitez pas non plus à poser vos questions à Nour si des choses vous intriguent.

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1 réflexion au sujet de « Portrait : Nour, en direct du Liban »

  1. Wahou, je ne pensais pas que l’écologie était si peu importante au Liban ! Nour est un peu une pionnière de l’écologie libanaise! Bravo Nour et merci pour ce que tu fais!

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