Portrait de Rachel Carson, pionnière de l’écologie moderne

Il est probable que le prénom de Rachel Carson ne vous dise rien. Si le titre de « Printemps silencieux » vous parle un peu plus, c’est que vous vous intéressez de près à l’écologie. Rachel a fait partie de ces pionnières oubliées ou trop peu mises en avant aujourd’hui. Nous allons tâcher de réparer ça.

Cet article participe à l’évènement inter-blogueurs “Les femmes qui font l’histoire” du blog Prince.sse si je veux. Découvrez d’autres histoires inspirantes sur www.princessesijeveux.com

A l’occasion de la journée du droit des femmes, écrire un portrait de femme inspirante me semblait couler de source. L’événement de Prince.sse si je veux tombait donc à pic. Mais il fallait trouver une cohérence avec La théorie des petits pas. Etant moi-même fervente défenseuse de l’agriculture bio, l’autrice de Printemps silencieux s’est rapidement imposée à moi. Cette scientifique reconnue par ses pairs a largement contribué au mouvement écologiste moderne. Elle a pourtant été oubliée depuis par le grand public. Elle méritait donc amplement d’être mise en valeur aujourd’hui.

Une enfance proche de la nature

Rachel Carson naît le 27 mai 1907 à Springdale, près de Pittsburg dans l’état américain de Pennsylvanie. Sa famille est très modeste et elle grandit aux côtés d’un frère et d’une sœur. Encouragée par sa mère, elle se passionne très tôt pour la nature. Tout l’intéresse : les insectes, les oiseaux, les milieux naturels…

Lectrice assidue, elle se met à écrire dès ses 8 ans, souvent sur le thème des animaux. Elle s’inspire de Beatrix Potter, l’autrice des aventures de Pierre Lapin, ou de Robert Louis Stevenson, l’auteur de L’île au trésor.

Elle termine première de sa promotion à la sortie du lycée. Rachel s’inscrit alors à l’université pour femmes de Pennsylvanie (aujourd’hui la Chatham University) grâce à une bourse d’étude. A cette époque, rare sont les femmes à poursuivre des études supérieures, et encore moins pour devenir écrivaine !

Des études scientifiques brillantes

Rachel Carson

Rapidement, Rachel Carson change ses plans et opte pour des études de biologie marine. Elle obtient sa licence en 1929 avec les honneurs. A 22 ans, elle ne souhaite pas être un poids pour sa famille. Elle poursuit sa maîtrise en zoologie à l’université John Hopkins mais celle-ci coûte extrêmement chère. Qu’à cela ne tienne, elle travaille en parallèle comme assistante de laboratoire.

En juin 1932, Rachel obtient son master, de nouveau avec brio. Si elle souhaite poursuivre sur un doctorat, elle se fait néanmoins violence pour accepter un poste d’enseignement pour aider sa famille. Trois ans plus tard, son père décède et Rachel doit prendre en charge sa mère et sa sœur.

Grâce à l’un de ses mentors, elle est embauchée temporairement par le Bureau des pêcheries pour rédiger les textes d’une série radiophoniques sur la vie aquatique. Son supérieur est tellement satisfait de ses services qu’il lui promet de lui réserver le premier poste à temps plein qui se présentera.

Du Bureau des pêcheries à la défense de l’écologie

Chose promise, chose due. Elle devient la deuxième femme à intégrer le Bureau des pêcheries en 1936 au poste d’assistante biologique marine. Elle publie régulièrement des articles dans les journaux scientifiques et grand public et commence à acquérir une petite notoriété.

Un nouveau drame frappe Rachel en 1937 : sa sœur décède lui laissant la charge de ses deux nièces, et de sa mère, toujours en vie. Heureusement, sa carrière progresse et la publication de ses premiers livres améliorent sa situation financière.

En 1941, La vie de l’océan (Under The Sea), son premier ouvrage, est apprécié par la critique et reconnu pour sa précision scientifique mais boudé du grand public jusqu’à la sortie du best-seller Cette mer qui nous entoure (The Sea Around Us) en 1951. Ce deuxième ouvrage sera traduit en 30 langues et restera dans le classement des meilleurs ventes durant 86 semaines. Les merveilles de la mer et de ses rivages (The Edge of The Sea), sorti en 1955, sera également très apprécié.

Rachel, elle, quitte le Bureau des pêcheries en 1952 pour se consacrer pleinement à l’écriture et à son engagement écologique. Mais en 1957, la mort frappe encore et touche l’une de ses nièces. Qu’importe, elle adopte l’orphelin de celle-ci et héberge toujours sa vieille mère. Volontiers solitaire, Rachel semble pourtant considérer la famille comme sacrée.

Printemps silencieux ou la lutte contre les pesticides

Rachel Carson Printemps Silencieux

Le 27 septembre 1962, elle publie Printemps silencieux (Silent Spring). Le titre fait référence à un monde où les oiseaux, disparus, ne chanteraient plus l’arrivée du printemps. Enorme succès en libraire (2 millions d’exemplaires vendus dans le monde), le livre de Rachel va largement contribuer à sensibiliser le grand public aux dangers de la pollution environnementale et notamment aux pesticides, faisant d’elle la mère de l’écologie moderne.

Dans sa ligne de mire notamment le DDT, un insecticide largement développé après la seconde guerre mondiale en agriculture mais aussi dans les domaines civils et militaires. Dans son livre, Rachel compile de très nombreuses études de spécialistes de la santé mais aussi de la faune sauvage. Elle met en avant les interactions présentes dans le monde vivant et notamment le phénomène d’accumulation des produits chimiques dans la chaîne alimentaire. Elle démontre le rôle des pesticides dans la hausse de mortalité des oiseaux et dans leurs problèmes de reproduction et élargit son hypothèque à l’homme. Mais elle accuse aussi l’industrie chimique de désinformer la population et les autorités de les laisser faire.

Ce livre fit de Rachel Carson une cible à la fois pour les industriels mais aussi pour tous les conservateurs américains. Fanatique, sensible, trompeuse, elle fut accusée de nombreux maux. On la menaça de procès et on voulut lui faire porter le chapeau des victimes de la malaria, maladie transmise par le moustique.

Touchée par le cancer du sein, elle s’éteint d’une crise cardiaque à 56 ans, le 14 avril 1964, à Silver Spring dans le Maryland.

Un héritage à préserver

Même après sa mort, elle continue d’être attaquée régulièrement. L’administration Reagan (1981-1989), dans ses tentatives d’abroger de nombreuses réformes environnementales, lui reprocha d’avoir freiner le développement de l’agriculture en créant des restrictions d’utilisation des pesticides. Le livre a, en effet, contribué à l’interdiction du DDT en 1972.

Mais d’autres, encore plus nombreux, saluèrent sa carrière. Elle reçut notamment à titre posthume la médaille de la liberté, plus haute distinction civile américaine, en 1980, en reconnaissance de son rôle important dans le mouvement écologiste. En 1991, un prix Rachel Carson est créé en Norvège pour récompenser les femmes qui oeuvrent pour la protection de l’Environnement.

Rachel Carson

Persévérante, brillante, scientifique de renom et écrivaine de talent, Rachel Carson a eu une carrière professionnelle des plus remarquables. Marquée régulièrement par des drames familiaux, elle se montra volontiers solitaire, tout en restant un véritable pilier pour sa famille. Elle méritait qu’on mette aujourd’hui son travail en avant et que chacun de notre côté, nous nous souvenions d’elle.

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3 réflexions au sujet de “Portrait de Rachel Carson, pionnière de l’écologie moderne”

  1. J’avoue que je ne connaissais pas cette grande dame et je suis ravie d’avoir fait sa connaissance! Finalement, l’écologie ne date pas d’hier et il faut toujours se battre pour faire entendre le doux bruit des animaux!

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  2. Tu viens de faire ma grande bonne découverte de la journée ! Rachel Carson m’était inconnue, mais la découvrir est tout de suite très inspirant. C’est fou de se dire que des gouvernements ont attaqué son travaille, alors que les pesticides peuvent mettre en danger la vie des gens !
    En tout cas, elle a accompli et a légué énormément de choses on dirait, merci beaucoup du partage !

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